Un des quêtes de l’homme réside dans la volonté de passation et de durabilité. C’est pourquoi il s’assure une descendance et ne cesse de s’améliorer. Une des premières inventions en ce but est représentée par des signes inscrits dans une matière durable. Les premières connues à ce jour remontent aux millénaires 18 000 et 15 000 avant J.-C. et sont des peintures rupestres situées dans les grottes de Lascaux. Déjà, l’homme tente de transmettre par des signes distincts. On y voit là également une certaine forme de naissance du graphisme.
En effet, le graphisme est avant tout la création et l’invention de nouveaux signes. Le graphisme évolue avec l’homme et prend toutes sortes de formes. L’apparition de l’écriture est l’élément le plus révolutionnaire du graphisme et peut être l’un des plus importants de l’histoire de l’homme. L’écriture est un système de signe qui vise à transmettre et conserver des informations et des contenus abstraits. Le première forme d’écriture connue est née en Mésopotamie en 3 300 avant J.-C. sous forme de pictogrammes. Peu à peu, l’écriture évolue en même temps que la technique de réalisation et de son support. Nous sommes passés de tablette en pierre, à des tablettes d’argiles, au papyrus, au parchemin puis aux « codes », qui ont été la plus grande révolution de l’histoire du livre, pour finir avec le premier livre imprimé et le livre numérique d’aujourd’hui. Tout support pouvant servir à la conservation et à la transmission est susceptible de devenir un livre. L’écriture montre une claire évolution de l’homme et de ses capacités. C’est d’ailleurs l’apparition de l’écriture qui signe la fin de la préhistoire.

C’est dans tout cette histoire qu’on retrouve le graphiste. Son rôle a évolué en même temps que ses moyens, ses besoins et les enjeux de la société. La vision la plus proche que l’on connait du graphiste de nos jours remontent à la naissance de l’imprimerie. En 1450, Johannes Gutenberg révolutionne l’imprimerie avec un système permettant de reproduire sur papier une forme de caractères métalliques préalablement encrés. La demande est telle que la création du métier de graphiste apparait en même temps que l’essor du livre imprimé. On remarque donc qu’il y a une forte liaison entre l’apparition du livre (édité) et le graphisme. Par exemple, on remarque une forte hausse de l’habitude de lecture lors de l’urbanisation des villes qui entraine au passage une hausse de l’activité du graphisme1. Les deux s’influencent mutuellement, tel Pierre Faucheux qui va bouleverser le milieu de l’édition en renouvelant le style graphique des ouvrages2.
Mais alors quel lien les unit ? Quelle évolution subit le livre et quel est le rôle du graphiste ? Quel est le rôle du graphiste dans l’histoire de l’œuvre littéraire et son évolution ? Comment le graphisme sert l’essor de la littérature, de sa démocratisation et comment y parvint-il ? De quels changements parle-t-on, quels enjeux impactent donc la société ? Quelle est l’intervention du graphiste dans les nouveaux formats de lecture ? De quelle manière le graphisme est au service d’une redynamisation de la littérature ?
1. LEROY Géraldi, BERTRAND-SABIANI Julie, La vie littéraire à la Belle Époque, Paris, PUF, coll. « Perspectives littéraires », 1998, p.4-17.
2. Pierre Faucheux, Espaces de lecture, Lecture d’espaces, dossier pédagogique, p.5.